Un hommage à Vincent Van Gogh
Peintre de génie, ayant beaucoup de mal avec sa vie sur Terre. Il s’installa à Auvers sur Oise pendant quelques mois, y peint 70 tableaux, dont l’église d’Auvers, et s’y suicida.
Après sa mort, il devint un des plus célèbres peintres pour les Français comme pour les Hollandais.
La randonnée
C’est une marche simple de Pontoise à Auvers sur Oise et retour, en variant un peu les chemins. Le circuit de la randonnée est accessible ici. et également ci-dessous:
[embeddoc url=”https://peinture.mqportails.online/wp-content/uploads/2023/03/randonnee-de-pontoise-a-auvers-sur-oise-et-retour.pdf”]Si on peut, on suit le chemin des peintres.
Pontoise
Toute l’histoire de Pontoise est sur Wikipedia
L’histoire de la cathédrale aussi
Pour ma part, j’ai surtout remarqué la descente au tombeau, appelée aussi Saint Sépulcre, installé en 1550, qui se trouve dans une chapelle à gauche en entrant.
Ce groupe sculpté, datant du 16ème siècle, montre une certaine sensibilité dans la présentation des personnages.
Auvers sur Oise et le chemin des peintres
La première chose à faire est de se rendre à l’église d’Auvers. Le tableau a vraisemblablement été peint en soirée, c’était en juillet.
Il me semble nécessaire d’aller ensuite au cimetière, je n’en dit pas plus.
Le retour se fait en empruntant d’abord le chemin des peintres. Cette partie est même documentée sur le site de l’IGN. Je préfère la présentation de l’Office de Tourisme de Cergy.
Quelques éléments sur Vincent
Pour retrouver toute l’histoire de Vincent Van Gogh, cliquer ici.
Vincent Van Gogh est venu à Auvers sur Oise le 20 mai 1890 pour être traité par le Docteur Gachet.
Durant x mois, il peint 70 tableaux, dont celui de l’église, qui a frappé les imaginations, melheursement après sa mort.
Car Vincent se tue, le 29 juillet, d’un balle de revolver.
Son frère théo écrit alors une lettre:
Auvers-sur-Oise, 30 juillet 1890
J’entends sonner trois heures, j’entends crisser les cordes qui couinent de ton empressement à descendre dans le trou, j’entends battre mes tempes, j’entends parler le docteur, j’entends tes derniers mots, «je voulais partir comme ça», j’entends la terre par poignée tomber sur ton cercueil, j’entends les corbeaux, ils ont déserté ta toile pour être de la cérémonie, j’entends le silence qui chez nous autres a chassé les prières et les «Notre Père», et j’entends notre père qui toujours disait « Vincent se perd», j’entends le premier sermon que tu prononças dans une chapelle d’Angleterre, psaume 119 je crois, « Je suis un étranger sur la Terre». J’entends mes sanglots, je sens mon corps qui tremble. On dit qu’après l’amputation le membre sectionné bouge encore. Suis-je l’amputé ? Suis-je le membre amputé ?
*
Je t’ai fermé les yeux à une heure et demie hier matin. Et je suis resté à te regarder. Une grimace entaillait ton visage. Je voulais qu’elle disparaisse, que la sainte puissance qui nous mettait à genoux enfants fasse son travail et la chasse. Elle s’est entêtée. Le trou au-dessous de ton mamelon gauche était sec mais encore rouge. Tes doigts gardaient sous les ongles le vert, le jaune, le bleu que tu emmenas avec le pistolet, ce jour chaud qui t’offrait sa lumière, mais que tu choisis pour en finir. Les couleurs résistaient vaille que vaille à la craie blanche de la mort.
Ensuite j’ai fait les choses dans l’ordre. J’ai déclaré ta mort. Le maire et l’aubergiste Ravoux ont signé avec moi l’acte de décès. J’ai acheté la place numéro 76 au cimetière d’Auvers. Trente francs pour quinze ans. Tu ne me rendras pas l’argent puisque tu as rendu l’âme. J’ai écrit au mari de notre sœur Anna, je l’ai chargé d’annoncer la nouvelle à la famille, à notre mère surtout. J’ai commandé le cercueil chez le menuisier Levert, qui fabriquait tes châssis en rabotant les bords comme tu le lui demandais. Il a travaillé vite. J’ai demandé à l’abbé Tessier son corbillard. Il a refusé. Un suicidé, fils de pasteur de surcroît, n’a pas droit à l’escorte catholique. Je n’ai pas insisté. C’est sur la charrette municipale de Méry-sur- Oise que tu fis ton ultime promenade, contournant l’abside de l’église, puis longeant les blés fauchés, paysages d’Auvers figés sur des toiles que j’ai ramassées dans ta chambre.
Lucien Pissarro est là. Émile Bernard et le père Tanguy aussi. Ils m’ont dit leur déception de ne pas avoir revu ton visage. Ton cercueil était déjà fermé lorsqu’ils sont arrivés. Je regardais passer, entre les planches grossièrement assemblées, le goutte-à-goutte du Phénol versé sur ton corps pour atténuer la puanteur de la mort.
Nous avons couvert le tout d’un drap blanc et de fleurs jaunes comme la lumière, des tournesols et des dahlias. Sur les murs de l’arrière-salle de l’auberge, nous avons cloué tes dernières toiles. Elles rendent ta mort plus pénible encore aux artistes. Tu avais pris de bons centimètres dans le cœur et l’estime de ces gens-là. Je les entends qui bavardent derrière moi alors que nous montons sous le soleil de plomb vers le cimetière, ils parlent de tes grands projets, de cette poussée hardie que tu donnais à l’art, du bien que tu leur faisais à eux tous.
C’est l’un d’eux, ce peintre hollandais Hirschig, ton voisin de chambre à l’auberge, qui est venu me prévenir. Après une nuit passée à t’entendre gémir, sûrement dans notre langue, de l’autre côté du mur, il a pris le train, avec une lettre du docteur Gachet. Il s’est présenté à la galerie. Tu avais jugé inutile de donner mon adresse.
J’aurais voulu, oui, être une menace pour tes morbides projets, j’aurais voulu arrêter la balle dans sa course, qu’elle laisse en paix ton cœur. Mais je n’ai rien empêché. J’ai espéré qu’une fois encore tu t’en sortirais. Je l’ai même écrit à Jo, je lui ai dit que ta vie était en danger mais que tu t’informais d’elle et de notre enfant, je lui ai dit de ne pas trop s’inquiéter car chacune de tes crises fut désespérante et chaque fois ta constitution trompa les médecins.
*
J’ai reconstitué ce soir-là. Ce dimanche où tu partis dans les champs à l’arrière du château d’Au- vers après le déjeuner, pour ne réapparaître qu’à la nuit tombée, en retard pour le dîner, ta main sur l’estomac, exagérant cette habitude que tu avais d’avoir une épaule plus haute que l’autre. J’ai réclamé chacun de tes mots. La mère Ravoux t’a demandé s’il était arrivé quelque chose. Tu as bafouillé que non, sans pouvoir finir ta phrase, et tu es monté dans ta chambre. Ravoux t’y a suivi, il t’a trouvé recroquevillé sur ton lit, t’a demandé si tu étais malade. Alors tu as soulevé ta chemise et montré le trou près de ton cœur. « Je voulais me tuer», as-tu dit. Comme ça, de ta voix calme et décidée. Tu as ensuite parlé à Hirschig, « Je m’emmerdais alors je me suis tué». Tu as demandé qu’on bourre ta pipe. Le lendemain, poussés vers l’auberge par la rumeur publique, les gendarmes sont montés jusqu’à ta chambre.
« Est-ce vous qui avez tenté de vous suicider ?
— Oui, c’est moi.
— Vous savez que vous n’en avez pas le droit !
— Gendarme, mon corps m’appartient et je suis libre d’en faire ce que je veux. N’accusez personne, c’est moi qui ai voulu me suicider. »
*
J’ai l’impression de t’écrire encore. Mais je parle tout seul. Je ne dois plus guetter tes enveloppes devant ma porte. Dans la poche de ta blouse, j’ai retrouvé quelques lignes griffonnées sur un papier, j’y ai reconnu le brouillon d’une lettre que tu m’as envoyée, j’y ai reconnu nos disputes…
je te le redis encore que je considérerai toujours que tu es autre chose qu un simple marchand de Corots que par mon intermédiaire tu as ta part à la
production même de certaines toiles qui même dans la débâcle gardent leur calme.
Car là nous en sommes et c’est là tout ou au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative.
Dans un moment où les choses sont fort tendues entre marchands de tableaux — d’artistes morts — et artistes vivants. Eh bien mon travail à moi, j’y risque ma vie et ma raison y a fondrée à moitié — bon — mais tu n’es pas dans les marchands d’hommes ; pour autant que je sache et puisse prendre parti je te trouve agissant réellement avec humanité mais que veux-tu
J’ai l’habitude de ces griefs, de ta mauvaise humeur, de tes doutes, de tes déceptions. Je sais ta volonté de m’arracher à nos racines glacées, à mon commerce frileux. Tu m’en as souvent fait part. De nous deux, vieux frère, tu étais le plus âgé, mais je te devais réconfort. De nous deux tu étais l’artiste, mais tu voulais croire que nous fabriquions ensemble. Et j’ai vécu là, dans ce fossé que tu creusas entre toi et le monde, ne sachant choisir, bricolant de chaotiques passerelles à mes hésitations, m’éloignant parfois, te retrouvant toujours.
Je n’ai fait de toute ma vie que tenter de recoller les morceaux. Entre toi et les parents. Entre toi et les autres. Entre toi et moi. Et je continue. Je fais des piles de tes toiles, je demande aux gens d’Auvers de me raconter tes derniers jours. Je rapièce ta vie pourtant terminée, là, penché sur ta fosse.
Ta mort a lancé ses reproches à mes trousses.
*
Que le murmure des tournesols t’accompagne, qu’il te rappelle la lumière, la couleur des blés, les arbres qui se découpent le soir alors que le ciel se déploie, plein d’étoiles.
Tu m’as écrit que dans la vie du peintre, la mort n’est pas ce qu’il y a de plus difficile. Tu disais qu’un peintre qui s’en va parle à une génération suivante. Sache que la mort est plus noire que l’image que tu en avais.
J’ai pensé dire quelques mots. Mais je n’ai pas pu, j’ai bafouillé des remerciements, rien de plus, excuse-moi. Le docteur Gachet s’en est chargé. Il pleurait, lui aussi. Il a dit l’essentiel. Que tu étais un homme honnête, un grand artiste, qu’il n’y avait que deux buts à ta vie, l’humanité et l’art. Et que c’est l’art que tu chérissais au-dessus de tout, qui te ferait vivre encore.
Moi, simple marchand des peintres morts et trop peu des vivants, je ne sais rien de ce présage. J’aurais voulu ajouter : c’était mon frère.
Un an plus tard, Théo meurt à son tour/
Les deux frères reposent côte à côte au cimetière d’Auvers sur Oise.
L’extraterrestre qu’était Vincent n’a pas fini de bouleverser les imaginations. Par exemple, l’épisode 10 de la série Doctor Who, “Vincent et le docteur”, dont voici un extrait (en anglais)
N’oublions pas Daubigny
Charles-François Daubigny, 1817-1878, est un artiste peintre et graveur français.Rattaché à l’école de Barbizon, il est considéré comme l’un des peintres charnières entre le courant romantique et l’impressionnisme, tel Corot. Il vécut la fin de sa vie à Auvers. Vincent Van Gogh appréciait sa peinture.